DAKAR — Le Sénégal tourne une nouvelle page politique avec une victoire écrasante du Parti PASTEF aux élections législatives, un triomphe qui confère au duo présidentiel Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko un mandat sans équivoque pour impulser le changement promis lors de leur ascension au pouvoir il y a huit mois.
Selon des projections basées sur des résultats partiels, le Pastef obtiendrait entre 119 et 129 sièges sur les 165 que compte l’Assemblée nationale, un raz-de-marée qui relègue l’opposition à une position marginale. La coalition Takku Wallu Sénégal, menée par l’ancien président Macky Sall, pourrait ne récolter que 15 sièges. Le quotidien Le Soleil évoque une « déferlante Pastef », tandis que le journal critique Le Quotidien détourne ironiquement le slogan présidentiel en une formule choc : « Sénégal Moy Sonko » (« Le Sénégal, c’est Sonko »).
Ce résultat amplifie l’élan de la présidentielle de mars, où Bassirou Diomaye Faye, novice en politique, et Ousmane Sonko, leader charismatique mais controversé, avaient capitalisé sur une soif de rupture avec un système usé par trois années de crise économique et de tensions politiques.
Des attentes élevées, une pression accrue
Dans les rues de Dakar, l’impatience est palpable. « Le Sénégal va mal dans tous les domaines », confie John Mendy, restaurateur, au lendemain du scrutin. « Ils n’ont plus d’arguments pour se cacher. Les Sénégalais les attendent partout. » Cette attente se manifeste sur des fronts variés : le coût de la vie, un chômage dépassant 20 %, une émigration clandestine en hausse, et des finances publiques sous tension.
Pape Diagne, commerçant, exprime un sentiment mêlé de satisfaction et de vigilance : « Je suis vraiment content des résultats, mais maintenant, il faut se mettre au travail. Tout le monde attend. »
Une majorité pour agir
Pendant huit mois, le gouvernement Faye-Sonko a dû composer avec une Assemblée dominée par l’ancienne majorité Benno Bokk Yaakaar. Cette cohabitation tendue a pris fin en septembre avec la dissolution de l’Assemblée et l’organisation d’élections anticipées.
Les observateurs voient dans cette victoire législative une consécration pour Ousmane Sonko, qui, malgré son statut de Premier ministre, est perçu comme l’homme fort du pouvoir. « C’est Ousmane Sonko qui va continuer à dicter la façon de diriger le pays, plus que le chef de l’État lui-même », estime El Hadji Mamadou Mbaye, enseignant chercheur.
Sonko, pour sa part, reste silencieux depuis les résultats. Mais son influence grandissante pose la question de l’équilibre des pouvoirs au sein d’un régime historiquement hyperprésidentialiste.
Des défis colossaux
L’agenda des prochains mois est chargé : adoption du budget 2025, abrogation d’une loi d’amnistie contestée, réformes institutionnelles, et relance économique. La pression est également forte pour répondre aux attentes sociales, notamment des jeunes, qui constituent la moitié de la population et sont les premiers touchés par le chômage.
« La confiance accordée par le peuple sénégalais ne laisse plus de place à l’excuse », a déclaré l’ancienne Première ministre Aminata Touré, appelant à des actions concrètes pour sortir le pays de la pauvreté.
Face à des défis immédiats et structurels, la majorité nouvellement acquise est autant une opportunité qu’un test pour le Pastef. Les Sénégalais, galvanisés par leur soif de changement, observent désormais avec attention les premiers pas de ce gouvernement renforcé. « Tout le monde attend », résume Awa Fall.
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