Le 1er décembre 2024, le Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a dirigé la cérémonie de commémoration du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, un événement tragique survenu en 1944, marquant l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Ce massacre, qui a coûté la vie à de nombreux tirailleurs sénégalais, avait été longtemps ignoré, notamment par la France, avant qu’une reconnaissance officielle ne soit enfin obtenue. Cette journée a été l’occasion pour le président Faye de jeter les bases d’une réappropriation collective de cette histoire partagée avec 16 autres pays africains.

Devant ses homologues africains invités à la cérémonie — venus de la Mauritanie, de la Gambie, de la Guinée-Bissau, du Gabon et des Comores — le président Faye a annoncé cinq mesures majeures destinées à honorer la mémoire des tirailleurs et à préserver leur histoire.

La première de ces mesures prévoit la construction d’un mémorial à Thiaroye en hommage aux tirailleurs. Ce lieu sera un espace de recueillement et de mémoire, ouvert à toutes les nations d’origine des soldats et accessible au public. La deuxième mesure consiste en la création d’un Centre de Documentation et de Recherche dédié aux tirailleurs, qui recueillera archives, témoignages et récits tout en soutenant la recherche et l’éducation autour de cet événement historique.

Le président a également annoncé que des rues et des places seront baptisées du nom de l’événement et des soldats tombés lors du massacre, afin d’ancrer leur sacrifice dans la mémoire collective. Quatrièmement, l’histoire de Thiaroye et des tirailleurs sera intégrée aux programmes scolaires, garantissant ainsi que les générations futures aient une compréhension approfondie de cet épisode du passé. Enfin, la journée commémorative, traditionnellement célébrée le 23 août, sera désormais observée chaque 1er décembre, jour du massacre.

Le Président Faye a profité de l’occasion pour revenir sur la longue lutte pour la reconnaissance de ce massacre, saluant le geste de la France, qui a récemment reconnu sa responsabilité dans cet acte. Lors d’une lettre adressée au président sénégalais, Emmanuel Macron a enfin accepté que les événements de Thiaroye en 1944 avaient conduit à un massacre, mettant ainsi fin à des décennies de silence.

Le président sénégalais a salué ce geste, qualifiant de « courage moral » l’attitude de Macron, tout en soulignant l’importance de ce moment pour la reconnaissance d’une légitime demande de vérité. Cependant, il a également lancé un appel aux autorités françaises pour qu’elles collaborent à une mission scientifique en fournissant les archives nécessaires à la compréhension complète de ce drame. En effet, de nombreuses zones d’ombre subsistent, notamment concernant le nombre exact de tirailleurs exécutés. Selon des rapports contradictoires, les autorités coloniales ont mentionné des chiffres de 35 à 70 morts, tandis que d’autres témoignages évoquent plusieurs centaines de victimes.

Les chercheurs, souligne le président Faye, ont besoin de ces archives pour obtenir une vision plus claire sur les événements de Thiaroye, ainsi que sur les origines des tirailleurs, leurs lieux d’inhumation, et les humiliations qu’ils ont subies. Cette démarche vise à restituer la vérité et à faire face à la dette morale envers les tirailleurs et leurs familles.