Dakar, Sénégal — Dans une lettre ouverte empreinte de gravité et de réflexion, Ismaila Madior Fall, ancien ministre de la Justice du Sénégal, aborde les tensions politiques qui traversent le pays et propose des réformes audacieuses pour renforcer sa démocratie. Son intervention, motivée par l’invalidation judiciaire de la candidature d’Ousmane Sonko à l’élection présidentielle, offre un regard critique sur les défis institutionnels du Sénégal.

Une suspension des poursuites pour préserver le processus électoral

S’inscrivant dans une logique de protection du processus démocratique, Ismaila Madior Fall recommande une réforme constitutionnelle qui suspendrait toute décision judiciaire visant un candidat déclaré jusqu’à la fin de l’élection présidentielle. Il s’inspire d’une jurisprudence récente de la Cour suprême des États-Unis pour défendre cette proposition, arguant que cette mesure garantirait l’intégrité et la transparence des élections.

L’ancien ministre y voit une solution pour éviter des situations où des procédures judiciaires pourraient influencer le choix des électeurs ou perturber le bon déroulement des scrutins.

Un appel à la cohérence institutionnelle

Dans son message, Ismaila Madior Fall met en lumière ce qu’il qualifie d’« anomalie démocratique ». Il déplore une dissonance entre la volonté populaire et la structuration institutionnelle actuelle : « Celui qui a la faveur des électeurs n’est pas à la tête de la magistrature suprême. »

Pour pallier cette incohérence, il propose de réaménager le calendrier électoral en harmonisant les durées des mandats présidentiel et parlementaire, une pratique qui avait cours entre 1963 et 1988 au Sénégal. Selon lui, cette synchronisation des scrutins renforcerait la cohésion entre les institutions et améliorerait la gouvernance.

Réformes structurelles et stabilité démocratique

Au-delà des ajustements électoraux, Ismaila Madior Fall appelle à des réformes profondes pour consolider le régime présidentiel sénégalais. Il insiste sur l’importance de repenser l’articulation des pouvoirs afin de prévenir les crises politiques et d’assurer une stabilité durable.

Convaincu que les leçons de l’histoire nationale et internationale sont des outils précieux pour naviguer dans les périodes de turbulences, il exhorte les dirigeants et les citoyens à engager une réflexion collective sur l’avenir institutionnel du pays.

Un message d’espoir et de mobilisation

En conclusion de sa lettre, Ismaila Madior Fall adresse un message d’encouragement au peuple sénégalais, saluant son engagement constant pour la démocratie. Il invite à une mobilisation commune autour des réformes nécessaires pour un avenir institutionnel harmonieux, dans un contexte où les défis politiques et sociaux demeurent pressants.

Avec cette prise de position, l’ancien ministre espère ouvrir un débat constructif sur la modernisation des institutions sénégalaises, en plaçant la démocratie et la stabilité au cœur des priorités nationales.